Mizuho Americas Open : et de 6 pour Korda !

Nelly Korda triomphe, à nouveau, et chacun se demande où s’arrêtera cette domination du circuit féminin mondial. (Photo: LPGA/Getty Images)

Il s’en est fallu de peu pour que cette dernière journée s’achève en playoff à deux, mais c’est à la fois la régularité de la numéro un mondial et les petites fautes de ses adversaires qui ont permis à l’Américaine de 25 ans, de remporter une sixième victoire en huit départs !

La LPGA n’avait aucun doute quand elle a envoyé sa salve d’emails pour annoncer le début du direct sur Golf Channel US. Nelly Korda était en route pour la 6e, alors que Ayaka Furue et Hannah Green étaient co-leader avec l’Américaine, qui s’était manifestement bien remise de sa « petite » semaine lors de la Founders Cup. Une semaine de contre performance pour Korda, qui n’avait pas pu aligner une sixième victoire d’affilée, et qui a terminé 7e, soit une mauvaise place quand on est Américaine. Une performance quand on est Français. Comme les rillettes, nous n’avons pas les mêmes valeurs.

Et Nelly Korda de remporter en 5 mois, ce que Céline Boutier a réussi en 5 ans. On ne sait plus vraiment, à ce rythme, ce que qualifie le mot « championne ». Car si Céline Boutier est une championne, au même titre que Minjee Lee ou Anna Nordqvist, alors que peu bien être Nelly Korda qui vient d’égaler Inbee Park et qui, en son temps, était qualifiée de championne ?

Manifestement, Nelly Korda est avant tout dotée de sens innés et l’inné relève d’un système que les professeurs et les pros du diplôme ne comprendront jamais. C’est de l’ordre de l’exceptionnel, une chose qu’un individu porte en lui à la naissance, que nul ne peut lui enlever, et qui fera de lui, soit un être extraordinaire aux yeux de tous, soit un indésirable, s’il doit évoluer dans une société formatée par les moutons de Panurge qui imposent leur diktat dans le monde du travail, à grands coups de Bac +5, pour imposer, à la toute fin, une intelligence artificielle qui entend penser à la place des humains, avec la conséquence de leur enlever les derniers pans d’un libre arbitre que la société politique, marketing et médiatique a déjà bien détruit depuis des lustres.

Revenue au contact, le samedi, grâce à une carte de 65, Nelly Korda évoluait comme co-leader, ce dimanche, à –12, en compagnie de deux autres joueuses, dont une allait lâcher prise, comme c’est trop souvent le cas depuis des mois, faisant obstacle à sa seconde victoire. Ainsi, Hannah Green, vainqueur à deux reprises cette saison, et pas plus tard qu’il y a un mois, allait être la seule à rester au contact, même si d’autres tenteraient  de s’approcher de la stratosphère sans y parvenir.

A mi parcours, pour les joueuses de tête, Ayaka Furue, Nelly Korda et Hannah Green voyaient arriver l’Américaine Jennifer Kupcho, créant un groupe à –11. Derrière, la Thaïlandaise Chanettee Wannasaen avait, depuis un moment, offert la première sensation de la journée, en signant une carte de 65, indiquant qu’il était, enfin, possible de jouer très bas, dans ce tournoi.

Ses compatriotes Thitikul et Tavatanakit, qui sont bien placées pour se rendre aux J.O, cet été, évoluaient avec le score de –10, en compagnie de la Chinoise Xiyu Lin. Mais ces joueuses étaient deux à quatre groupes devant Korda, Green et Furue, alors que Kupcho jouait déjà un groupe devant elles.

Aussi, était-il peu probable de voir les Thaïlandaises encore sur les fairway, et la joueuse Chinoise, remporter cette épreuve.

Quant à Gabriela Ruffels, l’Australienne jouait +1 depuis ses deux bogey au 8 et au 9, et c’est avec beaucoup de peine qu’elle cherchait à signer de nouveaux birdie.

Aucun doute, le joueuse victorieuse était bien dans le quatuor de tête. Mais laquelle ?

Green et Korda, un duo exaltant

Après 10 trous, l’Australienne Hannah Green et l’Américaine Nelly Korda se retrouvaient seules en tête, laissant Kupcho et Furue à –11. Sur le Par 5 du trou n°10, les deux joueuses passèrent à –12, et c’est ensemble qu’elles allaient marcher vers le 18, en se donnant la réplique au tableau des scores. Et à leurs côtés, la jeune et talentueuse Gianna Clemente, dont seul le statut affiché de Junior laissait penser qu’elle n’était pas membre du LPGA Tour.

Au trou n°12, Hannah Green passa très prés de prendre l’avantage en réalisant un putt, d’environ 7 mètres, dont la balle passa au bord du trou, et le dépassa. Redoutable, cette semaine encore, au putting, l’Australienne de 24 ans était la seule à pouvoir rivaliser avec la mécanique Korda, fiable à tous les niveaux, à l’image de la marque d’horlogerie qui la sponsorise. Et Nelly Korda d’être à la fois la petite aiguille qui indique l’heure, et la trotteuse qui symbolise le jeu au métronome qu’elle dispense.

Mais de temps à autre, cette mécanique se grippa, plus que les autres semaines où elle s’imposa. Et c’est probablement parce que face à elle, Hannah Green, avec son visage déterminé et impassible, intimide. Aussi, l’Américaine se contenta du Par sur ce trou, ce qui, au fond, fut une bonne affaire pour la numéro un mondial, qui resta au même niveau que l’Australienne. Il fallait donc chercher le point de la différence ailleurs. Et jusqu’au 17, les deux joueuses se répondirent, avançant au même rythme, celui du birdie au 13 et au 15, celui du Par sur les autres trous. Et ce n’est pas seulement le putting qui fit la différence. Mais aussi le petit jeu, et avant cela les coups intermédiaires et les mises en jeu. Quoique l’Australienne fut un tantinet plus brouillonne. Et c’est ici que se situait son point faible.

Mais avant que Hannah Green ne parte à la faute, les deux joueuses nous gratifièrent de très belles approches de mat, comme au 13 où Korda, qui resta nettement sous le green, alors que l’Australienne plaça sa balle à 2 mètres sous le drapeaux, joua un chip qui amena sa balle juste devant le trou. Avec ses mains en or, Nelly Korda sauva le birdie sur ce dernier Par 5, continuant de placer les deux joueuses à égalité de score.

Au même moment, le vent s’intensifia et certaines joueuses commencèrent à éprouver des difficultés à bien évaluer les distances. Comme au trou n°14, ce Par 3 de 120 mètres le dimanche, qui fit mettre la balle dans l’obstacle d’eau à Patty Tavatanakit et Xiyu Lin. Sans doute informées de la situation, Korda et Green ne se laissèrent pas piéger. Avec un vent dans le sens du jeu, Leur balle termina derrière le mat, mais sur le prégreen pour Korda, et sur le green pour l’Australienne qui eut l’avantage d’un putt alors que l’Américaine fut contrainte au chip. Et c’est avec un Par que les deux joueuses sortirent de ce trou et se dirigèrent vers le départ du 15, où elles iraient signer un dernier birdie avec une belle approche du mat.

Hannah Green, du signal d’alarme à la double faute

Au trou n°16, il fallait rester sur le fairway afin d’éviter le chemin stabilisé, à droite. Hannah Green y eut droit et c’est sur ce sol, entre sable et calcaire, qu’elle joua son second coup, et connut une première alerte sur sa mise en jeu, à deux trous d’un possible dénouement. Car le playoff était parfaitement envisageable. Finalement, l’Australienne eut un peu de chance en envoyant sa balle au fond du green qui revint vers le mat, grâce à la pente. Et c’est avec un nouveau Par que Green et Korda continuèrent d’avancer avec le score de –14, figé depuis leur dernier birdie au 15.

Finalement, c’est le 18 qui stoppa net les espoirs de victoire de l’Australienne, et la tentation d’un playoff dans de nombreux esprits. Hannah Green mit en jeu à gauche, dans un rough épais, quand Korda trouva le fairway. Puis, au second coup, c’est encore dans un petit rough que l’Australienne envoya sa balle, juste derrière un large bunker, à quelques dizaines de mètres d’un green qui n’offrait pas beaucoup de place pour bien poser la balle.

De son côté, Nelly Korda trouva le fairway, puis le green, sous le mat, à environ 10 mètres. Hannah Green joua son 3e coup et tenta de placer la balle au plus près, mais une pente qui protégeait le trou, fit reculer sa balle. Le putt à suivre serait difficile à négocier.

Nelly Korda réussi son approche avec un Par donné alors que Hannah Green ne parvint pas à trouver la ligne idéale.

C’est donc autant grâce à son rythme de métronome et à cause des petites fautes de son adversaire, que la numéro un mondial décrocha sa 6e victoire cette saison, égalant le record de la Sud-coréenne Inbee Park, en 2013.

« Je ne peux pas y croire ! Six ! » s’exclama l’Américaine avant de déclarer : « Je n’arrive pas vraiment à me comprendre en ce moment. Ce duel entre moi et Hannah, qui nous avons eu toute la journée… ce n’était pas mon meilleur jeu aujourd’hui, mais je me suis battue très fort sur les neuf derniers trous » confia l’Américaine. « C’était tout simplement incroyable de partager cette partie avec Hannah. Je la considère comme une très bonne amie et ce fut beaucoup de plaisir de l’affronter » ajouta Nelly Korda manifestement sous l’émotion d’un résultat auquel elle ne s’attendait pas.

« Je savais que j’avais deux Par 5 que je pouvais négocier facilement pour prendre un birdie. Je savais que cela serait une bataille sur les neuf derniers trous et que Hannah et moi serions dans le même groupe. Jason me rassure tout le temps sur le fait que je dois me concentrer sur une chose à la fois et passer à autre chose » ajoutait Korda, un peu plus tard, afin de mieux faire comprendre la manière dont elle a vécu cette journée.

Quant à Hannah Green elle estime que perdre face à Nelly que c’est un peu triste, mais qu’il s’agit de Nelly, sous entendant une grande championne. « Vous savez, elle domine tellement, actuellement. Etre seconde derrière elle c’est quand même très bien » confia l’Australienne.

« Malheureusement, ce bogey sur le dernier trou laisse un petit goût amer. Mais j’ai quand réussi à rester compétitive alors que je n’y croyais pas vraiment » assura Hannah Green, contrastant avec le visage d’une franche détermination qu’elle a affiché dans cette journée. « J’ai vraiment aimé jouer avec Nelly car nous avons un jeu assez similaire. J’ai joué une partie assez rapide alors qu’elle m’a semblé lente. Je n’étais pas vraiment sûre de ce que cela allait donner, surtout quand j’ai réalisé que nous étions les deux seules en tête » confia l’Australienne. « Une fois arrivée au trou n°10, j’ai supposé que je n’étais pas vraiment dans le coup sans avoir vu de classement. Et puis mon caddie m’a dit que la partie se dessinait entre moi et Nelly et ce fut assez agréable de rivaliser à coup de birdie, avec elle. J’espère que je pourrais prendre ma revanche » confia un peu plus Hannah Green.

Avec cette sixième victoire, Nelly Korda entre, un peu plus, au panthéon du golf féminin, mais aussi du golf mondial. Il lui reste 21 épreuves pour égaler Beth Daniel qui a conquis 7 victoires dans une même saison. Et en ce temps là, les Américaines n’avaient pas autant de concurrence étrangère autour d’elles.

La performance de Nelly Korda est donc encore plus exceptionnelle, dans une ère moderne du golf féminin où toutes joueuses sont devenues des travailleuses acharnées et de grandes techniciennes.

AJGA : la victoire pour Clemente

Cette domination de Nelly Korda ne doit pas éclipser la belle prestation que la jeune Américaine de 16 a fournie, tout au long de la semaine.

Classée 5e de l’Augusta National Women’s Amateur, non sans avoir été proche de la victoire, Gianna Clemente s’impose au 18, en signant un Par, prenant ainsi les deux points qui lui ont permis de coiffer, sur le poteau, sa compatriote et tenante du titre, Yana Wilson, qui termine seconde avec 147 points, contre 149 à Clemente.

Prochain rendez-vous du LPGA Tour, à la fin du mois, avec le second Majeur de la saison.

Le classement final => ICI