KPMG Women’s PGA Champ : Yang passe en tête !

La Sud-coréenne contrainte de jouer dans le bunker de fairway du trou n°14, révèle la tournure que sa journée a prise et les difficultés qu’elle a rencontrée dans ce moving day. (Photo by Scott Taetsch/PGA of America)

Si les joueuses qui ont franchi le Cut sont parvenues à s’habituer au parcours, elles ne le maîtrisent pas pour autant. Et les scores de ce moving day prouvent que le leaderboard reste fragile.

Entre les séquoias du Vahalee Country Club, les mises en jeu restent compliquées à gérer et les coups doivent être parfaitement en ligne. Quant aux green, leurs pentes, parfois imperceptibles, ils continuent de poser des soucis à des joueuses qui en ont, pourtant, vu d’autres. Alors que l’on croyait Lexi Thompson capable de créer la surprise, cette dernière fut malmenée et sont score est encore à la baisse. Après le 68 du premier tour, auquel succéda un 70, c’est une journée en 73 qu’elle a signé, en ayant manqué sept fairway et cinq green. et le nombre de putt d’être resté identique à la veille.

Avec quatre bogey et de nombreux Par sauvés, l’Américaine de 29 ans, qui semble cependant plus libre dans sa tête depuis l’annonce de sa retraite, n’a pas été la grande animatrice de ce troisième tour.

Jouant –4 pour la journée, ce qui est le score le plus bas de ce moving day, sa compatriote Lilia Vu s’est mise dans l’aspiration des joueuses de tête, et la voici passée de la 23e à la 5e place, prête, cette semaine encore, à tenter sa chance, pour un troisième majeur en carrière.

Partie à 10h33 en compagnie de Brooke M.Henderson et de Ariya Jutanugarn, l’ancienne numéro un mondial envoie un signal fort à la concurrence, après ces deux mois d’absence, pour raison physique. Passée relativement inaperçue durant cette retransmission, Vu a tracé son chemin de manière stratégique et patiente, grappillant des birdie tous les deux trous, en moyenne, pour commencer à montrer le bout de son putter lorsque les joueuses de têtes achevaient les neuf premiers trous.

Ainsi, Amy Yang pointait en tête à –7, après 7 trous, Hae Ran Ryu à –5 après 8 trous, Schmelzel à –5 après 7 trous et Thompson à –3 après 8 trous, quand Lilia Vu émergea à la 10e place, avec un score de –2 total pour –3 à la journée. Mais l’Américaine avait déjà écumé 14 trous, et sa marge de progression restait faible, à ce moment de la journée. Un dernier birdie, sur le Par 4 du 15, la propulsa à –3 total, et c’est la faible progression des autres joueuses qui lui permit de se maintenir à cette 5e place stratégique, avant cette dernière journée.

Mais elle n’est pas la seule invitée surprise de ce Top 5.

Hartlage, grande gagnante du jour !

Ce n’est pas forcément le fait d’être en tête d’un tournoi qui offre la meilleure performance. Alors qu’elle a débuté ce tournoi avec un score de 73, la plaçant à la 36e position, l’Américaine de 26 ans, rookie en 2022, a subitement trouvé les clés pour rendre une carte sous le Par. Mais, après trois tours, il faut constater qu’elle sait comment continuer à jouer sur le même rythme. Car cette nouvelle carte de 69 est également vierge de bogey, et même si elle ne joue pas du piano debout… ça veut dire beaucoup. Hartlage occupe la seconde place, qu’elle partage avec une quasi inconnue, la Japonaise Yamashita, sur laquelle nous reviendront plus tard.

« Après un mauvais départ et m’être débattue avec mon jeu, je suis restée très patiente » confia l’Américaine que son visage impassible a confirmé, toute la journée, cet état d’esprit. « Vous savez que vous allez manquer les fairway et les green, et c’est très serré au départ. Mais par chance, je les ai très bien touchés ce qui m’a donné beaucoup d’opportunités pour rester dans le coup » confia cette jeune femme au frêle gabarit, en comparaison de Yang, Thompson Vu et Inglis, mais qui évolue comme une championne, accompagnée de son caddie Michael Reed, qui l’accompagne depuis l’an dernier.

Si les trois birdie qu’elle a signés n’illustrent pas une réelle performance, c’est le fait de ne pas avoir concédé de bogey qui est remarquable. Cela l’a empêché de vivre trop d’ascenseurs émotionnels, pour rester concentrée sur son jeu. Et la mine impassible qu’elle affichait juste après un bon coup en dit long sur son pouvoir de concentration et la maîtrise de ses émotions. Des techniques bien connues du yoga qui visent à éliminer les excès émotionnels. Comme sur cette approche du mat au green du 13, où la balle de l’Américaine est venue se figer 2 mètres derrière. Hélas, un mauvais ajustement de la ligne de putt va lui ôter le pouvoir de renforcer son score. Sans quoi, ce dimanche, Hartlage aurait été seule seconde, et un sérieux outsider pour la victoire.

Confiante en son jeu, et notamment son touché de balle, aimant assez évoluer sur ce parcours entre des lignes d’arbres, soutenue par sa maman, Kim, qui fut une brillante joueuse universitaire, Lauren Hartlage est cette carte joker que peut attendaient, et qui vient désormais perturber les pronostics. Si toutefois il est possible d’en réaliser ? Mettra-t-elle en difficulté Amy Yang dans ce dernier tour ? Continuera-t-elle à jouer sous le Par de manière aussi appliquée ? Voici des éléments qui feront, peut-être, d’elle, une nouvelle championne de la saison. Mais la présence de la Japonaise Yamashita dans ce dernier groupe, peut, aussi, interférer sur le résultat final.

L’inattendue championne du LPGA Japan

Non membre du LPGA Tour, elle est pourtant 11 fois vainqueur sur le LPGA Japan, et c’est sa 12e place à l’US Women’s Open, qui lui permet d’évoluer dans ce troisième majeur de la saison. Mais les habitués du LPGA Tour l’ont également vu évoluer lors du ToTo Japan Classique, où elle s’est classée 27e, au mois de novembre dernier.

Du haut de son mètre cinquante, cette joueuse n’a pas le charisme d’une Lexi Thompson, mais elle est efficace, comme la plupart de ses compatriotes que sont Ayaka Furue et Nasa Hataoka.

Et comme le disait le slogan d’une pub pour un célèbre bonbon caramel enrobé de chocolat : « petite, mais costaud » !

Oui, à presque 23 ans, Miyu, qui est née début août, trace son chemin dans ce tournoi, coiffant pas mal de célébrités sur le poteau. Si sa première journée fut assez épique, en ayant concédé cinq bogey pour six birdie, dès le second tour, elle réussi à limiter la casse, et ce sont deux bogey de concédés entre vendredi et samedi, pour six birdie arrachés au parcours. Seconde ex æquo avec Hartlage, la voici dans le dernier groupe, prête à bousculer l’ordre établi. Avouant, la veille, que le parcours est particulièrement difficile, Yamashita avait expliqué, après son second tour, se contenter de taper la balle et d’être satisfaite d’avoir franchi le Cut pour jouer deux tours de plus. Ce qu’elle fit, également lors de l’US Women’s Open. Et son objectif est de bien jouer dans les tournois majeurs et de participer aux Jeux olympiques. Et le classement définitif étant arrêté ce dimanche 24 juin, en étant classée 22e au Rolex Ranking, derrière Hataoka 21e et Furue 20e, Yamashita, pourrait bien décrocher sa qualification pour les J.O, aux cotés de Yuka Saso, largement devant, en étant la première Japonaise du Top 10 du classement mondial.

Voici donc, pourquoi, la présence de Miyu Yamashita dans ce Top 5 est doublement importante. Car en plus de la qualification pour les J.O, Yamashita pourrait nous faire le coup de Mone Inami, et de Hinako Shibuno, à savoir s’imposer sur le LPGA Tour en tant que non membre. De quoi faire monter les enchères des parieurs.

Mais avant de parler de victoire, toutes les joueuses de ce Top 10 vont devoir composer avec une Amy Yang, en tête à -7, et qui, malgré quelques erreurs, reste une solide adversaire.

L’option Yang pour la victoire

Elle a deux coups d’avance sur Yamashita et Hartlage, et trois sur Schmelzel, qui a vécu une mauvaise journée, en jouant +2. Revenue en forme il y a deux ans, après avoir réalisé un régime qui l’a transformée physiquement, la Sud-coréenne Amy Yang, cette stakhanoviste de l’entraînement, n’a pu mieux faire que d’aller chercher un coup dans cette 3e journée. Cependant, elle a vécu une journée normale, au regard des scores rendus ce samedi, qui a vu de nombreuses joueuses en difficultés le long des fairway ou sur les green. Ce derniers ayant posé de nombreux problèmes de lecture de ligne, mais aussi de prise de décision dans la puissance à donner au coup. Trop de putt sont passés à côté des trous, et Yang n’a pas fait exception à ce constat. Mais le jeu de la Sud-coréenne est solide et elle l’a prouvé à maintes reprises dans cette journée. Ce chip, au bord du green du 8, avec une balle qui va rouler sur environ 7 mètres, pour frôler le trou, en est la preuve. Mais il y eut cette attaque de green, au 16, avec une balle qui resta courte de l’objectif. Très courte. ET ce fut un nouveau chip d’environ 35 mètres pour tenter de trouver le trouver, avec une balle qui passa au bord, pour dépasser d’environ 2 mètres.

Amy Yang a gaspillé des opportunités, mais sait que ce parcours est compliqué et qu’elle ne peut compter que sur la qualité de sa frappe de balle : « j’ai expliqué que je frappe bien la balle depuis trois tours. Mais le plus important c’est mon engagement sur chaque phase de jeu » expliqua Yang. « Chaque fois que je décide de frapper, j’essaie de ne pas penser ce qui va arriver parce que le parcours est très étroit et que le jeu est compliqué » ajoutait-elle en concluant qu’elle estime avoir bien joué.

Malgré tout, pour s’imposer ce dimanche, Yang va devoir exploiter tous les Par 5, ce qu’elle n’a pas réussi à faire ce samedi. Ayant pour conséquence de signer des birdie à l’aller, alors qu’elle a réalisé une longue suite de Par, avant de concéder un bogey au 8, effacé par son premier birdie au 9. Plus facile à dire qu’à faire, diront certains, mais Yamashita a su planter un birdie sur le Par 4 du 1, et Lilia Vu un birdie sur le Par 3 du 5 et le Par 4 du 7. Il y a donc de la place pour embellir une carte de score. Le tout résidant dans une bonne maîtrise de son jeu, l’exécution des coups et la prise de bonnes décisions. Au départ dans le dernier groupe, Amy Yang nous refera, peut-être, le coup de la veste bleue, lors du CME Group Tour Championship, l’an dernier.

Schmelzel en galère… mais satisfaite !

L’Américaine n’aura pas réussi à conserver la tête du tournoi. Le visage crispée, elle s’est battue toute la journée pour limiter la casse, notamment sur les green qui ont été la bête noir de nombreuses joueuses. Mais les positions de drapeaux n’ont pas facilité leur tâche et les putt ont été délicats, la majorité du temps. A moins d’être dans un rayon d’un mètre. Sarah Schmelzel reste, cependant, a proximité de la tête, et au bénéfice d’une nouvelle bonne journée, et d’une moins bonnes pour Yang et quelques autres, rien ne dit qu’elle ne sera pas en lice pour la victoire. « Dans l’ensemble, j’ai bien tapé la balle. Je me suis donnée beaucoup d’opportunités, sur les green en règle générale » confia Schmelzel. « Mais je n’ai pas été aussi bonne au putting que je l’aurais souhaité. Mais je reste satisfaite de ce que j’ai joué, un samedi de majeur » ajoutait-elle. « J’espère éliminer quelques erreurs de vitesse sur les green avant ce dernier tour » expliqua encore l’Américaine qui reste combative.

Qui pour surprendre tout le champ ?

La question qui se pose, souvent, en fin de tournoi, c’est celle qui consiste à savoir quelle joueuse va bien pouvoir sortir du bois. Avec un leaderboard aussi compact, et un plateau aussi qualitatif, notamment dans le Top 10, il est difficile de tirer un nom du chapeau. Cependant, la Japonaise Shibuno est encore dans le coup, après sa seconde place à l’US Women’s open. Avec de nouveaux shafts qui lui procurent de meilleures sensations, et cette insatisfaction exprimée la veille, à propos de son score, c’est quitte ou double pour la Japonaise qui en voulant faire mieux, peut tout aussi bien s’effondrer dans sa quête de perfection. Cependant, elle est là, à –3, à quatre coups de Yang, et deux de Yamashita et Hartlage. La voir dans le trio de tête, dimanche soir, ne serait donc pas une surprise.

Mais l’on pourrait parier, tout autant, sur une Caroline Inglis qui est apparue combative et déterminée. L’Américaine de 30 ans, qui n’a jamais fait d’étincelles sur le LPGA Tour, semble être entrée dans cette phase de progression qui lui a fait défaut, depuis 2017, son année de rookie. Certes, elle franchit encore peu les Cut, mais elle parvient à signer quelques bonnes cartes. Et comme d’autres avant elles, cette semaine est peut-être la sienne. Car après tout, Brittany Lang n’a remporté qu’un tournoi dans sa carrière, et c’est l’US Women’s Open. Et l’eagle que Inglis a réussi sur le Par 5 du 11, avec un putt d’environ 6 mètres, prouve que tout est possible, même l’inattendue.

N’oublions pas Jin Young Ko, qui, sans être très démonstrative, a signé une carte de 68, vendredi, et a limité les dégâts dans ce moving day, tout comme Yang, Schmelzel ou Shibuno. Enfin, quid de Lexi Thompson, que tout le monde attendait mieux placée au soir du moving day ? Peut-elle sortir une journée exceptionnelle ? Ou va-t-elle retomber dans ses travers golfiques qui lui ont fait annoncer sa retraite en fin de saison ? Parions plutôt sur une réaction pilotée par l’orgueil, et un bon dernier tour, en compagnie d’un caddie qui semble parfaitement lui convenir.

Quoi qu’il en soit, et même si la seule Française qui reste dans le champ, est très loin de pouvoir animer ce dernier tour, il devrait y avoir du suspense, et bien malin qui peut dire quelle joueuse soulèvera l’impressionnant trophée !

Le classement provisoire => ICI